Une colonne de feu, Ken Follett – 2017 – Ed. Livre de Poche, 983 p.
21-04
Ce que j’en ai mis du temps pour terminer ce livre ! Non pas que je n’ai pas aimé, au contraire. Mais des projets personnels et professionnels se dessinent depuis plusieurs semaines et j’ai eu (beaucoup) de mal à me plonger dans mes lectures. Donc cinq semaines plus tard, me voilà pour vous parler de ce roman de Ken Follett qui suit Les Piliers de la Terre et Un Monde sans fin.
Une colonne de feu se démarque un peu des deux autres romans. Nous rejoignons un univers différent, celui des rois (plus précisément des reines, observant la bataille acharnée de Marie Stuart et Elisabeth Ier). Ce qui les oppose : leur droit commun sur le trône et leur religion. Marie Stuart est une fervente catholique, alors qu’Elisabeth est protestante. L’écrivain nous plonge dans une époque complexe où deux convictions religieuses s’opposent, restreignant les droits des individus et détruisant le peuple à force de massacres.
Résumé
Ned Willard vit à Kingsbridge avec sa mère. Protestant, il est fou amoureux de Margery une jeune fille catholique. Alors que leurs religions les séparent, Margery accepte d’épouser Bart sous la menace de son père. Leurs destins vont s’éloigner, Ned va partir à l’aventure auprès de la reine Élisabeth Ier qui souhaite encourager la liberté de religion dans son pays. Pour cela, elle va créer le premier service secret anglais dans lequel Ned va participer. Margery va continuer à se dévouer à la religion et à faire entendre la parole de Dieu. Les guerres de religion vont s’abattre sur leur époque. Ils se battront pour des combats opposés et seront les impuissants spectateurs de l’horreur de ces guerres.
Les Willard ennemis des Fitzgerald
La mère Willard est une prospère entrepreneuse. L’entreprise de son défunt mari est basée dans le nord de la France, à l’époque détenu par les anglais. Lorsque la ville est envahie, le commerce des Willard est détruit. Il ne leur reste presque plus rien. Lorsque les Fitzgerald leur proposent de participer à un investissement commun sur des marchandises qui devraient arriver sous peu par bateau, la mère Willard accepte.
Cette acceptation, c’est pour se protéger et éviter des conflits en cas de refus avec l’influente famille des Fitzgerald. En caution de l’argent qu’elle leur donne, la mère Willard demande le clergé de Kingsbridge qui est détenu par les Fitzgerald. Mais cette transaction ne se passera pas comme prévu.
De plus, Ned est fou amoureux de Margery. Lorsqu’il décide de se lancer à demander sa main au père Fitzgerald, son refus est un choc. Il ne s’y attendait pas. La religion les oppose, et malgré la bonne situation des Willard, aucune issue n’est envisageable. Le père Fitzgerald ordonne à sa fille d’épouser Bart. Elle s’y resignera.
Espion de la reine
L’entreprise des Willard fait faillite et Ned, qui devait travailler pour l’entreprise familiale, n’a plus d’avenir professionnel à Kingsbridge. Lorsqu’il est contacté pour devenir un des premiers espions du service secret anglais créé par Elisabeth, une fervente protestante qui se bat pour la tolérance, Ned décide de tout quitter et de la suivre.
Aux côtés de la reine, il se battra contre les attaques faites aux protestants, interdits d’exercer librement leur religion jusqu’au jour de la prise de pouvoir par Elisabeth après l’enfermement et la mort de Marie Stuart.
Willard contre Fitzgerald durant toute une vie
Ned va essayer de protéger la reine pendant des décennies. Un de ses plus grand ennemis, celui qui met en place les complots les plus dangereux contre la reine, c’est un certain Jean Langlais. Ce faux nom désigne en réalité Rollo Fitzgerald, le frère de Margery.
Ned va rechercher cet homme par tous les moyens pour tenter de le devancer et d’anéantir
ses projets. Mais ce ne sera pas aussi simple qu’il ne l’imaginait.
Une France dévastée
Ned va se retrouver en France où il sera mis en mission par la reine. Il y rencontrera Sylvie, une femme courageuse qui vend des Bibles traduites en français et interdites. Elle a été dupée par un certain Pierre Aumande qui s’est fait passer pour un protestant épris d’amour. En réalité, il était infiltré dans la famille de Sylvie pour récupérer des informations sur les protestants parisiens. Son courage touchera Ned qui tombera d’affection pour elle et la protégera.
Cette protection, Sylvie en aura bien besoin. Car en 1572, le terrible et célèbre massacre de la Saint-Barthélemy s’abat sur Paris. Sous les manipulations de la famille de Guise et avec le concours de Pierre Aumande, les catholiques assassinent des milliers de protestants. Un massacre désordonné d’une terrible violence.
Ces visions d’horreur, ce dégoût face à la violence de l’humanité vont pousser Ned à redoubler de vigilance pour devancer ces bourreaux et encourager chacun à vivre dans la libre expression de sa religion. Mais la bataille va être longue et douloureuse.
Mon avis sur l’œuvre
Dans cet ouvrage, nous sommes rapidement replongés dans le style de Follett. Ses personnages subissent des épreuves, en ressortent (souvent) gagnants, quand tout va bien un drame se produit, et quand tout semble impossible une solution magique s’ouvre aux protagonistes.
L’écrivain nous guide dans les horreurs des guerres de religion. Alors que le catholicisme affronte le protestantisme, le personnage principal se bat pour faire régner la tolérance. Des massacres atroces se produisent. Chacun est persuadé de suivre la bonne religion, de posséder la « bonne foi ». Au nom de la religion et de leur Dieu, des familles entières sont assassinées. Le droit d’être différent est très limité.
Ce roman est poignant et nous accompagne, comme chaque fois, dans des parties historiques précises. L’écrivain ne cache pas les longs travaux qu’il mène lorsqu’il rédige ses romans. Lors d’une conférence réalisée à Paris à laquelle j’avais assistée, en honneur à la sortie en poche d’Une colonne de feu, il nous avait expliqué que la rédaction d’un roman lui prenait trois ans. Ses travaux de recherches sont très aboutis et impressionnants. En lisant ses romans, ça se ressent.
L’écrivain sait nous berner et se joue de son personnage principal. Cet héro engagé, protecteur, sensible nous fait tomber sous son charme. Nous nous y attachons quasiment immédiatement. Secoué par les épreuves d’une époque compliquée, nous vivons avec lui ses déceptions et ses espoirs, et c’est un délice. Et le petit plaisir supplémentaire, c’est qu’il y en a un qui attend derrière puisque Follett a sorti il y a presque un an Le crépuscule et l’aube !
Conclusion
J’ai toujours adoré Follett. Ses romans, impressionnants par leur volume, sont passionnants. Nous racontant l’Histoire avec passion, nous suivons des personnages d’époque attachants. Sur les trois premiers tomes des Piliers de la Terre, nous parcourons quatre siècles. Quatre siècles d’histoire. C’est beau, c’est historique, et c’est envoûtant. C’est à lire !