20-19

Pierre Lemaitre est un écrivain français qui est notamment connu pour sa célèbre trilogie « Les enfants du désastre ». En effet, le premier tome, Au revoir là-haut, a été récompensé par le Prix Concourt en 2013. Puis, en 2017, il est adapté au cinéma et obtient plusieurs récompenses aux César en 2018.

Je n’ai pas découvert Pierre Lemaitre par cette trilogie, et j’ai préféré me plonger en premier dans Trois jours et une vie, une œuvre que l’écrivain a publiée après Au revoir là-haut. Plongés en 1999 à Beauval, nous suivons l’histoire du petit Antoine, meurtrier malgré lui.

Résumé

Antoine a douze ans lorsque, le 23 décembre 1999 durant l’après-midi, il assassine accidentellement son voisin et ami Rémi. Une descente aux enfers pour un enfant qui se retrouve face à ses incompréhensions et à sa solitude. La disparition de Rémi est partout dans les journaux et dans les pensées des habitants. Tout le monde cherche à comprendre ce qu’il s’est passé et essaie de retrouver la trace de Rémi.

Meurtrier malgré lui

Antoine est un garçon sans problème. Il vit chez sa mère, Mme Courtin, à Beauval et ne reçoit de son père que quelques courriers l’an. Il joue souvent avec Rémi, son voisin. Mais un jour, son monde va basculer.

Antoine adore Ulysse, le chien de ses voisins les Desmedt. Il le considère comme un grand compagnon. Ulysse va être victime d’un accident. Ramené en urgence chez lui, M. Desmedt décide de terminer la vie de l’animal ici. Il l’achève, l’enferme dans un sac en plastique et le jette au fond du jardin. Antoine regarde impuissant cette scène d’une atroce violence pour les yeux d’un enfant.

Cet acte de barbarie le changera pour toujours. Son compagnon lui manque. C’est ainsi que la souffrance de l’enfant va le transformer malgré lui en assassin. En effet, Antoine a bien du mal à supporter la souffrance qui l’accompagne et sur une impulsion, il va commettre un crime.

Voilà qu’il se retrouve seul avec Rémi, le fils des Desmedt, et devient incapable de contrôler la colère qui l’habite. D’un coup de bâton, Antoine frappe Rémi au niveau de la tempe. Le pauvre enfant tombe raide. Il est mort. Antoine, 12 ans, devient un assassin.

Une course contre le temps

Cet acte, commis par un enfant perdu et apeuré, changera à jamais sa vie. La disparition de Rémi va rapidement être remarquée. La ville entière se réunit pour essayer de retrouver l’enfant disparu.

Antoine veut s’échapper, mais il n’a pas d’argent, c’est bien trop compliqué. Il restera chez sa mère, observera les recherches et s’inquiètera que le corps soit retrouvé. Plusieurs habitants de la ville sont interrogés, certains sont arrêtés. Les rumeurs courent, chaque jour une nouvelle personne est accusée de la disparition de l’enfant.

Et puis vient la célèbre tempête de 1999, Lothar. Emportant tout sur son passage à Beauval, elle viendra semer la terreur auprès de la population. Mais Antoine peut se rassurer, la tempête devient la principale préoccupation de la population qui doit se protéger et trouver des solutions pour abriter tout le monde.

Le temps va passer, Antoine va grandir avec la peur au ventre et la volonté de partir loin de Beauval pour se protéger. Car Rémi ne sera pas retrouvé en 1999, ni en 2000. Mais Antoine vivra avec la culpabilité d’être un assassin, et la peur de se retrouver en prison.

Un dangereux chantage

Douze ans après le meurtre, Antoine est adulte et revient à Beauval pour participer à une soirée organisée par des voisins et à laquelle sa mère le tanne d’assister. Antoine cède et se présente. Il y retrouvera ses camarades, ainsi qu’Emilie, une jeune femme dont il était amoureux lorsqu’il était enfant.

Les décisions d’Antoine sont discutables. Lorsqu’il était enfant, il souhaitait se rapprocher d’Emilie qui était alors en couple avec Théo. Il n’en a jamais eu l’occasion. Douze années plus tard, alors qu’il revient à Beauval, il la retrouve. Cette femme fade et inintéressante essaie de le séduire. Comme une revanche sur son enfance, Antoine va la prendre et coucher avec elle. Sans protection. Nous sentons rapidement les problèmes arriver.

A cette époque, Antoine est en couple avec Laura. Cette dernière devient cocue. Elle ne l’aurait pas su si Emilie n’était pas revenu vers Antoine lui annonçant qu’elle était enceinte. Antoine est dévasté, il ne désire pas cet enfant et propose de prendre en charge les frais. Emilie ne voit pas les choses de cette façon.

Depuis quelques temps, les test ADN se sont développés. Le corps de Rémi a été retrouvé, un cheveu qui ne lui appartient pas a été retrouvé sur ses vêtements. Antoine doit se protéger, il n’a jamais fait de test et ne doit pas être enregistré dans la base de données. C’est sans compter le chantage du père d’Emilie qui va le menacer de porter plainte et de faire un test de paternité s’il ne se marie pas avec sa fille…

Mon avis sur l’œuvre

Antoine est un personnage frustré qui a du mal à gérer ses émotions. D’abord face à Rémi, qu’il assassine accidentellement en le frappant. Cet acte, signe d’une incontrôlable colère qu’Antoine a en lui pour M. Desmedt, est une première image de sa frustration. Celle d’un enfant qui ne sait pas maîtriser ses émotions.

Ensuite, nous avons son histoire avec Emilie douze ans plus tard. Incapable de maîtriser ses pulsions, malgré qu’il soit désintéressé de la personnalité sans saveur de cette dernière, il la prendra dans un parc. Cet acte de revanche contre son enfance, lui qui voulait tant la séduire enfant, est également une représentation de son impulsivité. Une impulsivité qu’il n’a pas appris à maîtriser depuis sont enfance.

Je n’ai pas été très emballée par l’écriture de Lemaitre. Peut-être est-ce lié au fait de se retrouver dans la tête d’un enfant, mais j’ai trouvé certains termes, certaines pensées qui me semblaient parfois incohérentes dans l’esprit d’un enfant. J’ai été embêtée par les mots crus utilisés, du champ lexical du désir, pour imager la découverte de cet enfant dans sa vie sexuelle.

Néanmoins, Lemaitre est un écrivain talentueux et ça se sent. Je pense que sur n’importe quelle œuvre, qui ne passe pas à travers la pensée d’un enfant, sa plume s’adaptera parfaitement ! L’histoire reste très intéressante. Nous observons les adultes désarmés, qui veulent protéger leurs enfants, et le sujet nous porte beaucoup à la réflexion.

Un accident peut détruire toute une vie. Comment éviter (sans partir forcément dans l’extrême d’un assassinat) que notre enfant puisse en commettre ? Protéger la chair de notre chair ? Ressentir lorsque problème il y a ?

Conclusion

Lemaitre ne m’a pas vraiment convaincue avec Trois jours et une vie. Néanmoins je pense que ceci est plus lié au fait que j’ai du mal avec les histoires racontées par des enfants. Le sujet de ce livre est très intéressant ! Mais je n’ai pas réussi à plonger dans l’histoire. La détresse d’Antoine m’a mise mal à l’aise, et certaines de ses pensées m’ont semblées parfois délicates pour un enfant. Mais je ne perds pas espoir et je suis certaine, après avoir entendu toutes les bonnes critiques d’Au revoir là-haut, que je vais adorer ses autres œuvres !