Maria Montessori Une vie au service de l’enfant, Martine Gilsoul et Charlotte Poussin – 2020 – Ed. Desclée de Brouwer, 312 p.
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Poursuivons sur mes lectures de l’été ! Après D’un château l’autre de Céline, le deuxième titre que j’ai lu a été cette biographie sur la vie de Maria Montessori. Cette fascinante italienne a dédié sa vie aux enfants et à l’étude de leurs comportements, dans le but de leur offrir les meilleurs outils et un environnement adapté pour leur éducation. Très répandue dans les écoles privées, la méthode Montessori a beaucoup évolué et s’est détachée de l’objectif principal de sa créatrice : apporter de l’aide aux enfants dans le besoin et pour qui le décrochage scolaire était un risque important.
Pour comprendre la méthode Montessori, il nous faut comprendre qui était Maria Montessori. Une femme née à la fin du XIXème siècle, très ambitieuse, qui se lance dans des études de médecine et qui en sera une des premières femmes diplômées. A travers les obstacles, les moqueries, les difficultés, les coups bas, Maria Montessori poursuivra toute sa vie ce projet qui a fait connaître mondialement son nom.
Résumé
Maria Montessori est une femme italienne, une des premières à être diplômées de médecine. Elle a développé une méthode pour faciliter l’apprentissage des enfants (provenant d’un milieu social principalement pauvre, vivants dans des quartiers très précaires), connue aujourd’hui sous le nom de la Méthode Montessori. Fondée sur l’éducation à la paix, à la liberté et à la confiance, elle a développé une technique d’apprentissage dont les résultats ont rapidement fait leurs preuves.
Une femme médecin
Maria Montessori a réalisé dans des études de médecine. Un milieu uniquement masculin, qui lui fera rapidement sentir que ce ne sera pas aussi simple que pour les hommes. Maria doit réussir à se faire accepter, gagner en crédibilité, surmonter sa pudeur. Cible de moqueries, elle devra se concentrer sur ses études pour supporter les humiliations et la discrimination.
Afin de faciliter son apprentissage, accompagnée de professeurs de qualité, elle écoutera à travers les portes pour se faire discrète et ne pas déranger les classes. Un de ses professeurs viendra à la convoquer pour réaliser des dissections ensemble en fin de journée, dissections auxquelles elle n’arrive pas à participer en groupe, l’aidant à surmonter sa pudeur et à acquérir les compétences nécessaires pour sa profession. Elle sera diplômée en 1896 à 26 ans, avec une spécialisation en psychiatrie (choix étonnant venant d’une femme, qui généralement se dirigent vers la pédiatrie). Cette année-là, elles seront 3 diplômées en Italie.
Les débuts de la Méthode Montessori
Maria laissait toujours parler les enfants et les obligeait à réfléchir pour trouver par eux-mêmes des réponses à leurs questions. Selon elle, il ne fallait pas exploiter le monde imaginaire de l’enfant pour communiquer avec lui. En effet, l’enfant continuait ensuite à croire des choses qui étaient fausses et qui ne provenaient que de son imagination.
A l’école romaine de psychiatrie, Maria s’associe avec Bonfigli, De Sanctis, Montesano. Ensemble ils créent une classification des différentes pathologies mentales. Avant, les faibles d’esprit de naissance étaient enfermés avec les fous qui avaient perdu la raison à un moment donné de leur vie. Ainsi Maria se concentre sur les enfants en difficulté, dits déficients. Les prémices de son projet (La Maison des enfants) vont naître dans un quartier pauvre de Rome où elle aidera des enfants victimes de famine et dont l’éducation a été laissée à l’abandon. En leur redonnant l’accès à l’apprentissage, les enfants deviennent les maîtres de leurs parents et les éduquent, leur apprenant notamment à lire.
Elle est encouragée à mettre en place des classes spécialisées. L’objectif est d’arrêter de considérer les cas d’enfants perdus pour les aider à retrouver le bon chemin. Le 7 avril 1900, elle inaugure la Scuola Magistrale Ortofrenica en lien avec la Ligue nationale pour la protection des enfants déficients. Elle permet de former les maîtres à la méthode d’éducation qu’elle développe et pour s’assurer de sa bonne application.
Le développement à l’international
La célébrité de Maria va rapidement se répandre, faisant connaître sa méthode à l’international. Mais les années vont faire apparaître des traitres. Sa méthode qui devait aider les enfants se retrouve exploiter à l’international, par des partisans qui ne veulent plus échanger ni suivre les évolutions de sa précurtrice, adaptant les règles à leurs besoins.
La principale difficulté venait du fait que Maria avait créé sa méthode pour les classes maternelles. Le travail long et pointu qu’elle avait développé ne s’adaptait pas encore aux enfants plus âgés. Sa méthode a commencé à lui échapper, ne lui laissant plus le temps pour répondre à toutes les demandes : développer la méthode, participer à l’étranger à des congrès, surveiller les différentes Maisons des enfants construites dans le monde…
Pour faire face à des demandes grandissantes, Maria a confié certaines responsabilités à des proches qui l’ont aidée à implanter son idéologie dans le monde et à en surveiller les évolutions. Ces personnes ne se sont pas toujours avérées être des personnes de confiance, et Maria a été délaissée tant par eux, que par son propre gouvernement qui n’a pas hésité à la manipuler et à la « jeter » lorsqu’il n’avait plus besoin d’elle.
Mon avis sur l’œuvre
A (petit) regret, cette biographie se concentre principalement sur la Méthode Montessori et décrit peu la vie de Maria. Son enfance y est quasi-inexistante, ses liens avec son fils sont abordés succinctement, sa vie personnelle de femme n’est pas décrite. J’aurais aimé apprendre à connaître Maria, cette femme qui a révolutionné l’éducation et mieux comprendre ce qui l’a poussée à se dédier dans ce projet plus que dans n’importe quel autre. Je ressors de cette lecture en connaissant de nombreuses (et passionnantes) informations sur son parcours professionnel.
Néanmoins, je ne connaissais de la Méthode Montessori que ce que j’en avais entendu dans notre société actuelle. De ce fait, ce qui ressemble aujourd’hui à une méthode déployée dans des écoles privées et privilégiées, je comprends que le but de Maria était très éloigné de ce qu’on en fait aujourd’hui. Dédiée à sauver des enfants de leur milieu en leur apportant un apprentissage gratuit, elle s’est battue pour s’assurer que des enfants ne soient pas abandonnés par l’Etat. Sa méthode, loin d’encourager les enfants à faire ce qu’ils veulent, est un guide pour un apprentissage en douceur, dont les maîtres mots sont la confiance et l’indépendance.
Conclusion
J’ai beaucoup apprécié cette biographie. Et même si je regrette qu’il y ait une absence d’informations sur la personne que Maria était en-dehors du projet unique qu’elle a porté, j’ai été fascinée par cette femme dont le courage était sans pareil. Cette femme a bouleversé l’éducation des enfants et représente un exemple sans équivoque.