Le maître et Marguerite, Mikhaïl Boulgakov – 1968 – Ed. Robert Laffont, 640 p.
20-03
Voici mon initiation à la littérature russe ! Je n’ai jamais lu d’œuvre russe en entier (j’avais essayé, il y a plusieurs années, un ouvrage pour lequel je n’ai pas pu aller au-delà des deux chapitres… Je l’avoue, je ne comprenais absolument rien à ce que l’écrivain me racontait). Les avis récoltés au sujet de Boulgakov étaient divers. Lorsque certains me disaient que ses œuvres étaient fabuleuses, d’autres me racontaient l’ennui qui les avait accompagnés durant leur lecture. Le livre est pourtant prometteur, la quatrième de couverture précise que Le maître et Marguerite est « une des histoires d’amour les plus émouvantes jamais écrites ». Voyons cela.
Résumé
Mikhaïl Alexandrovitch Berlioz, rédacteur en chef, échange avec le poète Ivan Nikolaïevitch Ponyriev, quand soudain un inconnu se présente à eux. Cet homme, assez étrange, leur annonce que Jésus a réellement existé. Il le sait, parce qu’il y était à cette époque. Cet étranger n’est autre que le Diable. Son arrivée est une malédiction. Partant de Berlioz, les (plus ou moins) proches de ces derniers vont être frappés par des malheurs sans précédents, les poussant à la folie, parfois au décès. Sautant sur l’occasion de sa présence, Marguerite va s’offrir au Diable car lui seul peut lui apporter ce qu’elle désire par-dessus tout : retrouver l’amour de sa vie, dont elle a perdu la trace.
Mon avis sur l’œuvre
Le livre est décomposé en deux parties. La première introduit notamment le Maître, cet homme follement amoureux de Marguerite. Il nous raconte comment il l’a rencontré et l’amour foudroyant qui les a réunis, puis éloignés. La seconde partie présente Marguerite, et nous éclaire sur la vérité de son histoire avec le Maître : leur séparation n’est due qu’à un quiproquo.
La première partie s’ouvre sur la discussion de Berlioz et Nikolaïevitch. Ce dernier est missionné à écrire un article dénonçant le fait que Jésus n’a jamais existé. Au lieu de cela, son ouvrage pousse à croire le contraire. C’est ici que le Diable entre en jeu. Les malédictions ne cessent de s’accumuler. Partant de Berlioz, le Diable va toucher Nikolaïevitch qui perdra vite la raison à Griboïedov ; Stépan Lilkhodieïev du théâtre des Variétés et co-locataire de Berlioz ; Nicanor Ivanovitch Bossoi Président de l’association des locataires de l’immeuble de Berlioz ; et ainsi de suite…
Un thème est très présent dans cette première partie, qui est marquante notamment parce qu’il avait été censuré lors de la sortie de l’œuvre. Nicanor Ivanovitch rêve qu’il se trouve dans une salle de théâtre où les « artistes » sur seine ont pour mission de récupérer les devises de chaque individu présent dans la salle pour les transmettre à l’Etat. Le rapport à l’argent devient ensuite très présent dans l’intégralité de la première partie. En parallèle, en-dehors du rêve d’Ivanovitch, le Diable effectue une représentation de magie noire au théâtre des Variétés. Il se met subitement à lancer des billets dans le public. Malheureusement, chaque billet récupéré s’avèrera être sans valeur et se transformera en un papier quelconque.
Le récit a pour décor le Moscou des années 1930, après la Révolution Russe de 1917, la perte du pouvoir par le Tsar, et la mise en place du totalitarisme. L’industrialisation de masse de Moscou a été mise en place par Staline et a été financée notamment en obligeant la population à remettre tout objet en métaux précieux, gemmes ou pierre fine dont la détention était devenue interdite. Boulgakov dénonce ces mesures par son fameux « rendez vos devises », où celui qui s’y soumettait était félicité et ressentait avoir fait une bonne action. Ce témoignage caché d’une situation économique totalement instable est puissant et bouleversant.
La deuxième partie s’ouvre sur la présentation de Marguerite. Celle-ci est amoureuse du Maître. Sur un malentendu, un quiproquo, leurs chemins se sont séparés. Mais elle l’aime, pour toujours et à jamais. C’est pourquoi, lorsque le diable se présente à elle, elle accepte de lui donner son âme le temps d’une soirée pour retrouver le chemin de l’homme de sa vie. Dans un monde complètement farfelu, mythique, magique mais aussi terrifiant et interdit, Marguerite se retrouve à voler à travers Moscou sur un balai, elle rencontre les invités du diable, tous plus mauvais les uns que les autres…
La littérature russe est très particulière, déstabilisante. Pourtant, cette plongée dans un monde décalé et magique m’a complètement convaincue. Le style de Boulgakov est prenant, envoûtant et drôle. Dans ce décor, une histoire d’amour, l’histoire du dévouement d’une femme prête à tout pour retrouver la trace de l’homme qu’elle aime. Boulgakov a bien raison, car l’amour nous pousse à nous jeter dans la gueule du Diable…
Conclusion
Dicker est un écrivain puissant, qui a l’art de manipuler les sentiments de son lecteur. Les valeurs de fidélité, d’amour, de respect, qui ressortent dans ses écrits ont toujours réussi à m’émouvoir. A travers Les derniers jours de nos pères, il nous plonge dans un récit historique sur les actes de résistance des services secrets britanniques, et c’est avec émotion (et plusieurs larmes) que j’ai terminé ce livre. Malgré les avis qui divergent au sujet de cet écrivain, je suis complètement fan de son écriture et je le recommande.
J’achève la lecture de mon premier roman russe. Malgré des stéréotypes bien ancrés dans mon esprit, de diverses mises en garde, j’ai savouré Boulgakov de la première ligne à la dernière. Une lecture pas évidente néanmoins, car Boulgakov jongle entre le réel et l’irréel, nous perdant parfois dans un monde qu’on ne maître pas aussi bien que lui. Mais ma conclusion est simple. J’ai adoré.
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07/01/2019 – Début de lecture du Maître et Marguerite
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15/01/2019 – Fin de lecture du Maître et Marguerite