Le baron perché, Italo Calvino – 1960 – Ed. Folio, 394 p.
20-17
Je connais peu la littérature italienne, et ce malgré mes origines. Je suis souvent à la recherche d’écrivains italiens, et je souhaite m’exercer à lire les œuvres en V.O. Pourtant, je trouve qu’il est difficile de découvrir des noms renommés, car aucun auteur ne me vient à l’esprit (à l’exception de Luca di Fulvio qui fait actuellement un carton). Nous entendons peu parler d’écrivains italiens, mais c’est depuis peu que j’essaie d’y être plus attentive. J’ai découvert Italo Calvino en écoutant un de mes podcasts favoris dont je fais souvent allusion : La Compagnie des œuvres.
Italo Calvino est un écrivain d’origine italienne du XXème siècle. Il a rédigé de nombreuses œuvres littéraires et s’est également investi dans le cinéma comme scénariste. Le baron perché est l’histoire intrigante d’un petit garçon au milieu du XVIIIème siècle qui est fortement têtu…
Résumé
Nous sommes en 1767, lors d’un repas familial de la bourgeoisie. Côme se dispute avec ses parents, il n’aime pas les escargots et n’en mangera pas. Le ton hausse, Côme s’enfuit. Mais pas loin. Il monte aux arbres, comme il a coutume de faire avec son frère (le narrateur). Sa réaction, d’abord prise comme un caprice, sera considérée bien plus sérieusement lorsque sa famille comprendra que de ces arbres il ne descendra jamais.
Un garçon bien plus que têtu
Il en faut, de l’imagination, pour punir ses parents en logeant dans les arbres. Pourtant, c’est ce que Côme décide de faire. Il y restera toute sa vie, dans les arbres. C’est ici-bas que son frère nous conte ses aventures, telles qu’elles les lui ont été racontées.
A 12 ans, sur un désaccord avec ses parents, Côme s’enfuit haut percher, là où il se sent libre. Nous partageons ses péripéties dans ces arbres qu’il ne quittera pas. Il s’interdit de toucher le sol, et peu importe à quel prix. Cette détermination est assez impressionnante.
Dans un premier temps, en lisant cette histoire, nous nous disons que c’est totalement irréaliste. Un enfant du milieu bourgeois qui réside dans les arbres ? Et puis, l’histoire avançant, nous créons également un lien particulier avec cette nature. Tout y semble plus simple, calme. Côme est en symbiose avec la nature, il la protègera toute sa vie.
Dans ces arbres, Côme rencontrera des exilés espagnols, qui ont également pris possession les arbres pour foyer, des pirates, et surtout l’amour.
Une famille dans l’incompréhension
Les parents de Côme sont des personnages étranges. Ce père semble tout d’abord aussi têtu que son fils et a du mal à accepter l’image que son fils fait porter sur sa femme et lui : celle de parents d’un enfant considéré fou, qui disposent de peu d’autorité. Il mettra du temps à ressentir de la fierté pour son fils et portera beaucoup d’attention au paraître.
La mère est moins agaçante. Femme d’un homme de pouvoir, silencieuse, elle continuera de croire en son fils et de lui porter indirectement les attentions d’une mère pour son fils. Le détachement de cette famille vis-à-vis de cet enfant, certes capricieux, est bien classique. Pourtant, le courage dont fait preuve cet enfant devrait être l’essentiel. Côme était simplement un symbole de liberté.
Heureusement, le petit frère de Côme, et narrateur de l’histoire, est sûrement le plus grand admirateur de son frère. Inquiet dans un premier temps de sa situation, il deviendra ensuite un de ses seuls contacts sur la terre ferme. Impressionné par la force mentale de son frère, il sera toujours à ses côtés. Jusqu’à ses derniers instants.
Un amour qui donne des ailes… ou presque
Très rapidement nous est introduit Violette. Cette enfant habite dans la maison voisine à celle de Côme. Les adultes de ces deux familles se méprisent. Mais Côme, parcourant les territoires à travers les arbres, s’approche de Violette et devient ami avec elle.
Violette est une enfant déjà caractérielle. Venant d’une famille aisée, elle se fait amie de nombreux brigands. Et puis un jour, alors que sa famille découvre son amitié avec Côme, elle est envoyée au couvent, loin des ennuis dans lesquels ses parents considèrent qu’elle se mêle. Côme est bouleversé.
Elle reviendra plusieurs années plus tard. Cette femme, amoureuse et cruelle à la fois, en fera voir de toutes les couleurs à Côme et donnera un goût amer à leurs sentiments qui pourraient être si beaux. En effet, usant de jeux et manipulations, elle malmènera le cœur de son amoureux rêveur.
Une histoire tirée par l’amour de la littérature
J’ai été frappée par l’amour de la littérature qui a été dépeint par Calvino. Côme, dans ses arbres, ne vit plus que pour le bonheur de lire paisiblement dans sa cachette favorite. Les livres bercent ses envies et font de cet enfant (puis adulte) un doux rêveur.
Il se liera d’amitié avec un brigand qui se liera d’amour pour la littérature. Précédemment une terreur, il devient un cœur tendre, presque pitoyable, abandonnant tout pour le plaisir de lire et terminer sa lecture.
Le lien qui unit ces deux hommes perdus est très émouvant. Il devient le seul ami de Côme, et la fidélité que celui-ci lui portera jusqu’au bout est bouleversante.
Mon avis sur l’œuvre
J’admets ne pas avoir extrêmement accroché (effet du confinement ?) à l’histoire du Baron perché. Pourtant la nature, la protection de la faune et de la flore, la débrouillardise du personnage principal qui subvient seul à ses besoins du jour au lendemain sans argent, sont les traits d’une grande histoire d’aventure. Palpitant, non ?
Pourtant je n’ai pas réussi à porter à Côme toute l’attention qu’il méritait. J’aurais aimé rejoindre sa forêt, sa belle Italie, et frissonner entre les branches avec lui. Mais je n’ai juste pas réussi.
Je pense que sous une autre situation j’aurais adoré Le baron perché. Enfermée entre quatre murs, je n’ai pas réussi à me détacher de notre environnement oppressant et ma lecture a été un peu douloureuse.
Conclusion
Dans ma PAL, il y a un autre livre d’Italo Calvino qui m’attend (cette fois-ci en version originale aïe). Je ne perds pas le courage d’attacher avec la prochaine histoire de cet auteur talentueux et renommé ! Cet écrivain classique de l’Italie du XXème siècle déborde d’imagination et décrit les sentiments de ses personnages avec un réalisme saisissant. Je lui donnerai bientôt une seconde chance…