L’Arabe du Futur 1, Riad Sattouf – 2014 – Ed. Allary, 158 p.
21-03
Je suis tombée sous le charme de Riad Sattouf lors de son intervention dans le Quotidien de Yann Barthès pour la sortie du cinquième tome de L’Arabe du Futur. Ses propos et son humour m’ont immédiatement donnée envie de lire le premier tome. Et c’est ma première lecture de BD. Une double première fois.
Avec l’aide de Julien Magnani à la conception graphique, et de Rami Sattouf pour les textes en arabe, Riad Sattouf nous livre avec humour et talent son histoire et celle de ses parents. Dans cette série « Une jeunesse au Moyen-Orient » nous les suivons entre 1978 et 1984. Une histoire racontée avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision et de superbes graphismes pour les accompagner.
Résumé
Riad est né d’un père syrien et d’une mère française. Il nous raconte son histoire. En passant par la rencontre de ses parents en France, leur retour en Libye puis en Syrie, nous découvrons les cultures de ces pays, les régimes autoritaires appliqués par leurs dirigeants et la difficulté d’un enfant européen à se fondre dans un univers très loin de celui dans lequel il est né.
Arrivée dans la Libye de Kadhafi
Riad et ses parents arrivent en Libye lorsqu’il est tout petit. Installés initialement en France, le père de Riad décide de les emmener en Libye où lui a été proposé un poste de maître. A cette époque, Kadhafi dirige le pays après son coup d’Etat en 1969. Il passe tout le temps à la télévision où il discourt et hypnotise les foules.
Riad se fait deux amis, il découvre la langue arabe. Ses amis lui font découvrir le pistolet à pétards. Le pays est pauvre et pour se nourrir ses parents doivent faire la queue devant une coopérative (des bananes, beaucoup de bananes).
Le père de Riad est musulman non pratiquant, il se dit libéral mais respecte la religion de chacun. Il va faire découvrir à son fils les « toutes » et lui parle de son rêve de posséder un jour une Mercedes (qui se dessine selon lui avec des roues rectangulaires…).
Alors que Kadhafi promulgue de nouvelles lois obligeant les professionnels à échanger leurs métiers (le paysan revient instituteur, l’instituteur devient paysan), la famille de Riad s’inquiète de leur avenir dans le pays et décide de retourner en France.
Retour en France
Riad arrive avec sa famille en France chez sa grand-mère maternelle. Le pays n’a pas la même odeur que la Libye, il est plus piquant. Ils s’installent en Bretagne où il va rencontrer la voisine Bébette. Cette vieille femme vit comme au Moyen-Âge : le sol de sa maison est en terre battue et la seule lumière qui éclaire la pièce principale est le feu de cheminée.
Riad va découvrir l’école et son père lui achètera le fameux pistolet en plastique (avec lequel il va adorer toucher tout type d’objets). Riad va devenir grand-frère. Cette naissance va signer leur départ pour la Syrie. Le père de Riad n’ayant pas trouvé de travail en France, il décide de tenter sa chance en retournant à ses sources.
Retour au Moyen-Orient : la Syrie
Le père de Riad va les emmener dans son petit village natal en Syrie où vivent ses parents et toute sa famille. Il va y découvrir les trahisons de son frère, y retrouver ses habitudes d’enfance, rêver d’y construire une maison luxueuse.
Riad va apprendre et découvrir la bagarre, il va être effrayé à l’idée d’aller à l’école alors qu’il ne comprend pas cette langue arabe. Quant à son père, au début non pratiquant, il commence à se rappeler de son éducation religieuse et va essayer d’y sensibiliser son fils.
L’argent ne coule à pas à flots, et lorsqu’ils décident de retourner en France, Riad se pense sauvé de la violence qu’il côtoie en Syrie. Mais cette trêve ne sera pas de longue durée…
Mon avis sur l’œuvre
L’Arabe du Futur 1 est la première bande dessinée que je lis (en faisant abstraction des BD que je pouvais lire enfant). J’ai pris énormément de plaisir à découvrir les illustrations de cette histoire atypique et passionnante, racontée avec beaucoup d’humour.
Riad nous sensibilise à son enfance. Un enfant européen qui se retrouve subitement au Moyen-Orient et qui doit s’habituer à des coutumes très différentes de celles qu’il côtoie depuis sa naissance. Nous devinons le courage et la patience de la mère de Riad qui reste un peu en retrait dans l’histoire. Cette femme bretonne qui suit son mari d’abord en Libye puis en Syrie est fascinante.
La découverte des coutumes a été très intéressante. Ces populations sont loin de nous, tant géographiquement que culturellement. Observer ce fossé culturel, raconté avec humour, est très drôle (j’ai adoré le passage de la grand-mère qui aide Riad à enlever la poussière qui s’est logé dans son œil en le lui léchant…).
J’ai totalement voyagé avec ce livre. J’ai voyagé et j’ai (beaucoup) rigolé. Et compte tenu de la période que nous traversons aujourd’hui, c’est tout à fait ce dont nous avons besoin. Un livre d’auto-dérision, qui nous fait rire et qui nous fait du bien. Je suis impatiente de connaître la suite des péripéties de Riad et de sa famille, et je vais m’empresser d’acheter le tome 2.
Conclusion
Cette BD est la première de la série L’Arabe du Futur et nous raconte l’histoire vraie de Riad Sattouf. A travers beaucoup d’auto-dérision, nous parcourons avec sa famille la Libye, la France et la Syrie. Une histoire très drôle, qui raconte l’histoire complexe de ces nations, et qui fait un bien fou dans cette période de crise sanitaire. A lire impérativement !