Adélaïde, Marie Laberge – 2007 – Ed. Pocket, 939 p.
★★★★★
20-40
Cet été, je me suis plongée dans la trilogie Le goût du bonheur de Marie Laberge. J’y ai découvert une saga familiale historique passionnante. J’avais rédigé un article sur ce premier tome, Gabrielle. Aujourd’hui, j’ai terminé le deuxième tome, Adélaïde, et c’était tout aussi bien que le premier.
Pour rappel, le premier roman terminait sur un évènement choc. Gabrielle, qui souhaitait arrêter son fils qui s’engageait dans l’armée pour rejoindre les troupes en Europe (période de la Seconde Guerre mondiale), était partie en voiture sur les routes pluvieuses et avait eu un accident mortel. Dans ce deuxième roman, Marie Laberge nous entraîne dans le parcours de la fille de Gabrielle, Adélaïde.
Résumé
Alors que Gabrielle décède dans un accident de voiture, la famille Miller se décompose. Edward a perdu sa raison de vivre et s’enferme dans son insupportable souffrance ; Adélaïde, enceinte d’un homme marié parti en guerre se marie avec Nic McNally ; Fabien s’engage malgré tout dans l’armée ; Béatrice abandonne son enfant dans les mains de Reine ; et Rose et Guillaume, souffrant de l’absence de leur mère et de l’ignorance de leur père à leur égard, cherchent par tout moyen à partir loin de l’étouffante maison Miller.
Un homme face à la disparition de l’être aimé
Nous nous souvenons tous d’Edward, cet être (presque) parfait dans le premier tome. Fidèle (malgré un petit écart qu’il ne recommencera pas), moderne, père de famille épanoui… Sa relation avec Gabrielle, une relation d’amour pur, les liait l’un à l’autre inconditionnellement.
Mais quand l’un des deux disparaît, la conséquence est tragique. Edward perd pied. Sa femme décède subitement et tout son monde s’écroule. Car la force d’Edward était depuis toujours Gabrielle. Deux personnes mais qui constituaient à eux deux un seul être. Malheureusement, Edward ne sait pas souffrir.
En effet, il ne saura supporter cette souffrance. Il se laissera aller et surtout, il exprimera sa haine et sa colère contre la vie en devenant mauvais envers sa fille. Adélaïde, enceinte et désespérée de l’absence de l’homme qu’elle aime, annoncera à son père son pêché. Elle est enceinte d’un homme marié parti en guerre. A compter de ce jour, Edward reniera sa fille, sa préférée, pour la honte qu’elle inflige à sa famille.
Un sauveur inattendu
Adélaïde a perdu sa mère, son repère, celle qui aurait su mettre Edward sur le bon chemin. Celle qui aurait permis à sa famille de lui pardonner son écart. Désespérée de la disparition soudaine de sa mère, de la colère de son père contre elle, du départ de l’homme qu’elle aime, elle est perdue.
Car cet homme, en plus d’être parti à la guerre, est un homme marié et déjà père de famille. Certes malheureux dans son mariage, cet homme juif s’est épris d’Adélaïde et a cédé au pêché malgré les règles strictes de sa religion.
A la fin du premier roman, nous apprenions qu’Adélaïde était enceinte. Venant à la rescousse de cette enfant qu’il a promis à Gabrielle de toujours protéger, Nic la demande en mariage. Il est prêt à tout pour l’aider, quitte à devenir le père de cet enfant illégitime. La relation qui liera Adélaïde à Nic sera belle et se transformera en un amour intense, en une dévotion et un respect mutuel sans failles. Un sauveur qui, en sacrifiant tout, réussit à tout gagner.
Une histoire sur fond de guerre
L’histoire débute en 1942, en pleine guerre. Les troupes canadiennes sont de plus en plus nombreuses à rejoindre l’Europe pour se battre. Les hommes disparaissent, partent tous, peu restent. Les femmes demeurent seules sur le territoire, à travailler pour aider à l’effort de guerre.
Elles vivent toutes la même tragédie. Les adieux donnés aux êtres aimés, enfant, maris, promis, frères. Tous partent, elles restent. Accrochées à leurs postes de radios, elles vivent dans la terreur des mauvaises nouvelles, suivent les batailles à distance. Chaque coup de fil, chaque sonnerie de la porte d’entrée est accompagnée d’une bouffée d’angoisse, la peur d’une mauvaise nouvelle.
Elles le savent, les hommes disposent de deux destins possibles : la mort sur le champ de bataille, ou un retour auprès de leurs familles mais dans quel état ? Le retour du soldat, dont les femmes ont tant rêvé, elles qui ont patiemment attendu, ne sera pas aussi merveilleux qu’elles ne l’espéraient. Des hommes détruits par les horreurs de la guerre, rongés par leurs secrets. Car ce qui se passe à la guerre, ne reste pas à la guerre.
Mon avis sur l’œuvre
Bien évidemment, j’ai adoré ! Le livre m’a emportée, j’ai eu du mal à le lâcher, je l’ai dévoré comme le premier (heureusement que le troisième roman m’attend sagement). Nous replongeons instantanément dans cet univers, dans cette famille canadienne, dans leurs relations.
Dans le premier roman nous suivions Adélaïde enfant, l’histoire débutait lorsqu’elle était jeune enfant. Nous avons découvert son parcours jusqu’à sa vie de jeune adulte. C’est donc un plaisir de suivre sa vie dans ce second roman. Une vie de femme mariée, et de mère.
L’environnement dans lequel sont plongés les personnages est très intéressant. Nous suivons la guerre et ses conséquences sur la population canadienne qui s’était investie pour aider l’Europe et dont nous parlons peu. Pourtant, ils en ont bien souffert, de cette guerre qui leur semblait si loin et dont laquelle ils n’étaient pas directement victimes.
Suivre ces soldats et leurs familles, les voir partir si loin, sur un autre continent et vivre la peur de ne jamais les revoir… L’environnement est lourd. Et quand vient la libération, que la guerre est finie, les soldats rentrent. Mais le chemin est long, certains mettent des mois à revenir, laissant leurs familles plongées dans l’angoisse.
Marie Laberge ne fait pas de cadeau à ses personnages. Nous terminons Adélaïde avec un choc tout aussi violent que dans Gabrielle. Vite vite le troisième tome !
Conclusion
J’avais très envie de lire la suite de cette saga. J’étais un peu inquiète à l’idée de me retrouver face à un roman qui n’égalait pas le premier. Mais je n’ai ressenti aucune déception, l’histoire est différente et tout aussi passionnante, avec un fond historique intéressant. J’adore voir les personnages grandir, suivre leur chemin d’enfant à adulte. Nous les aimons, nous nous y attachons, et nous avons hâte de suivre leurs aventures dans le troisième et dernier tome, Florent.