1984, George Orwell – 1950 – Ed. Folio, 391 p.
20-11
Voici plusieurs semaines que je n’ai pas posté sur mon blog car il était en maintenance. Le résultat valait le coup d’attendre ! J’ai posté quelques photos sur Instagram de mes dernières lectures, mais je n’ai pas rédigé d’articles complets à leurs sujets. J’ai décidé de vous parler de ma dernière lecture, 1984 de George Orwell. Je pense que c’est une très bonne transition, puisque mon dernier post concernait l’œuvre 1Q84 de Haruki Murakami (qui, pour ceux qui ne le savent pas, est lié et inspiré de 1984 d’Orwell).
George Orwell (Eric Arthur Blair de son vrai nom) est un écrivain très politique, qui a dénoncé à travers ses ouvrages le totalitarisme de son époque (1984, La Ferme des animaux). Dans ce récit, il nous plonge dans le futur. Du moins, ce qui était pour lui le futur puisque, paru en 1950, l’histoire se déroule plus de trente ans après l’époque de sa rédaction.
Résumé
Winston Smith vit à Londre en Océania. Il travaille au Ministère de la vérité où il a pour mission de falsifier des documents parus notamment dans la presse pour modifier le passé et le faire concorder avec le présent. Dans ce monde futuriste, Londres est dirigé par le Parti Extérieur, un parti en lequel Winston ne croit pas. S’attachant à ses souvenirs que le Parti n’a pas réussi à effacer, Winston croit en la nécessité de détruire cette politique et souhaite s’engager dans un mouvement de résistance.
Le monde imaginé par George Orwell
Prenant inspiration sur les régimes totalitaires de son époque, et notamment le nazisme et le stalinisme, Orwell a imaginé le monde du futur. Dans celui-ci, le communisme a pris le pouvoir et les droits des individus sont très restreints.
Le monde est découpé en trois groupes : l’Océania (Amériques), l’Eurasia (Europe/URSS) et l’Estasia (territoires asiatiques). L’Océania est en guerre avec l’Estasia, mais les souvenirs sont flous, Winston est convaincu que l’ennemi de son pays avait jadis été l’Eurasia.
Depuis que chacun des trois super-Etats est imprenable, chacun est en effet un univers séparé, à l’intérieur duquel peuvent être pratiquées, en toute sécurité, presque toutes les perversions de la pensée.
Les souvenirs sont un sujet fort. Winston travaille au Ministère de la vérité, où son job consiste chaque jour à détruire des articles précédemment écrits dans la presse pour en modifier le contenu, afin que celui-ci concorde avec les volontés du Parti. Il est facile
de réinventer un monde qui a existé si on arrive à en supprimer tous les souvenirs indésirables. Le Parti manipule la population, il change les souvenirs de chacun par lavage de cerveaux. Et d’ailleurs, chaque individu qui est indésirable aux yeux du Parti est « aspiré » c’est-à-dire que c’est comme s’il n’avait jamais existé : tué, et tous les souvenirs pouvant se rattacher à sa personne sont détruits.
Le ministère de la Paix s’occupe de la guerre, celui de la Vérité, des mensonges, celui de l’Amour, de la torture, celui de l’Abondance, de la famine.
Tout le monde est suivi par Big Brother. Lui qui a des yeux partout, il surveille chacun jusque dans les endroits les plus privés. A l’aide du télécran, il va pouvoir suivre les faits et gestes des individus et s’exprimer directement auprès d’eux, les réprimander en cas de faux pas.
Dans ce monde toxique, Orwell a réussi à imaginer un futur qui s’est révélé à plusieurs reprises être véridique vis-à-vis de notre monde actuel. Dès les premières pages, un bateau de migrants se retrouve coincé en mer, entraînant la mort de plusieurs de ses passagers. Cette scène, filmée par hélicoptère, semble être tournée aujourd’hui tant le contexte nous est familier.
Les règles mises en place par le régime laissent peu de liberté pour les individus. Toute rencontre nécessite d’être justifiée, l’amitié est quasiment impossible, l’amour n’en parlons pas. Dans ce monde, les couples ne doivent se reproduire que dans la situation de nécessité de peupler la planète. L’amour n’existe pas, les relations sont frigides. Mais la vie de Winston va changer lorsqu’il va rencontrer Julia.
L’amour interdit
Julia va braver l’interdit et transmet à Winston un mot dans lequel elle lui dit vouloir le rencontrer car elle l’aime. Tout un stratagème doit être mis en place, les hommes n’ayant pas le droit d’avoir de relations avec les femmes sans justification. Winston comprend rapidement que Julia pense sûrement comme lui. Ils vont ainsi se trouver un point commun : tous les deux doutent du Parti et souhaitent en voir sa destruction.
Pour se rencontrer, ils vont devoir faire preuve de discrétion et de méthode. Tout est compté à la minute, chaque entretien, chaque discussion. Julia a l’habitude de ces interdits, plusieurs fois elle a eu des relations avec des membre du Parti. Son expérience leur permet de se rencontrer dans des endroits non surveillés par Big Brother.
Winston va se découvrir un cœur qu’il n’avait pas vraiment. Avant, il haïssait les jeunes et jolies femmes car elles représentaient tout ce qu’il ne pourrait jamais avoir, ne pourrait jamais toucher. Aujourd’hui se présente à lui une femme qui lui assure l’aimer et qui représente une perfection qu’il a toujours cherché à détester.
Un vent de résistance
Winston est convaincu du bienfondé de ses croyances. Et il a sûrement raison. Ce monde cherche à effacer ce qu’il y a de plus précieux chez chacun d’entre nous, qui sont les souvenirs. Ils inventent des passés qui n’ont jamais existé pour faire concorder leurs histoires et donner plus de puissance à leurs arguments. Mais Winston ne va pas se faire avoir comme ça, car il était né avant que ce régime se mette en place dans son pays. Il se souvient et s’accroche à ses souvenirs.
Son ami O’Brien semble lui ressembler, Winston entend de sa part des messages subliminaux. Il ne se trompera donc pas quand il va décider de lancer le premier pas. Convaincu qu’il est membre d’un mouvement de résistance, il va prendre le risque de lui dire le fond de sa pensée, sa fatigue à l’encontre du Parti et de sa volonté de vouloir le détruire. O’Brien lui propose d’entrer dans un mouvement qui s’oppose au Parti et qui souhaite réunir des personnes de confiance pour l’anéantir. Mais cela ne va pas se passer comme prévu…
Mon avis sur l’œuvre
C’est assez déstabilisant de voir les manœuvres mises en place par Orwell, car toute l’histoire conserve son réalisme. Toutes les techniques mises en place par le Ministère de la vérité, qui cherche à modifier les souvenirs des gens, pourraient être réalisables. Nous pouvons nous le demander : si demain il n’existait plus aucune preuve de la réalisation d’un évènement, vous époumoneriez-vous à jurer qu’il était bien réel ?
Dans la vie réelle, notre cerveau modifie inconsciemment certains de nos souvenirs, quitte à parfois les supprimer complètement de notre esprit. La manipulation par des personnes de pouvoir peut probablement entraîner certains de ces effets. Cette manipulation pourrait d’ailleurs être liée à celle qui était pratiquée par Hitler pendant le IIIème Reich. La manipulation de masse qu’il effectuait en usant de son charisme lui a permis de mettre en place une destruction massive de populations minoritaires. Ces actes, qui aujourd’hui nous semblent lointain, sont pourtant proches et sont en partie les conséquences de l’art de la manipulation.
Les manipulations et tortures mises en œuvre par les bourreaux pour mouler les pensées des gens selon leurs désirs sont atroces. Il est très intéressant de voir comment, sous ces actes de tortures innommables, le courage de chacun s’en va à petit feu (ou du moins d’une majorité). Orwell le dit comme pour nous rassurer, nous pouvons aimer très fort nos proches, face aux pires tortures tout ce que chacun souhaite est d’avouer tout et n’importe quoi pour faire cesser la douleur (quitte à dénoncer ceux que l’on porte dans notre cœur). Certains passages ont été très difficiles, principalement en ayant connaissance que ces tortures ont existé et que depuis des siècles des individus en subissent, toutes plus insurmontables les unes que les autres.
Un passage m’a semblé très long. Lorsqu’Orwell s’est lancé à nous expliquer le fonctionnement et les travers du Parti, nous avons un passage d’une cinquantaine de pages qui nous démontre les manœuvres de ce totalitarisme, les raisons de son fonctionnement, les conséquences sur les populations. Cette partie est à la fois très intéressante, mais il faut s’accrocher pour ne pas décrocher…
Conclusion
Ce classique de la littérature anglaise est néanmoins un passage obligé ! Orwell dispose d’un évident art de la narration et les connaissances qu’il nous expose à travers ce monde inventé sont une ressource essentielle pour comprendre l’histoire de notre planète et les manœuvres des régimes totalitaires. C’est une histoire très émouvante et bouleversante, qui nous plonge au cœur de la pensée d’un personnage courageux et qui voudrait sauver sa planète. Mais que le sort lui a-t-il réservé ?